Le tour d’Europe en camping-car d’Élodie (la suite)

Interview

Elodie, 31 ans

Voici la suite de l’histoire d’Élodie et de son projet de tour d’Europe en camping-car. Elle a su surmonter la maladie et a donc décidé de réaliser son rêve avec sa petite famille. Dans ce Blog Ta SEP, Élodie va nous expliquer comment s'organiser au mieux pour entreprendre ce voyage, comment allier sport et bien-être dans un espace étroit, mais aussi comment s’organiser avec son médecin et ses traitements.

Combien de temps faut-il pour préparer un tel défi ?

Elodie : Nous avons ce pro­jet depuis 22 Octo­bre 2019 (le jour de la sainte Elodie) à la suite d’une émis­sion télévisée qui présen­tait de nom­breux « tour­du­mondistes ». Nous nous sommes demandés : « Pourquoi pas nous finale­ment ? », d’autant que cette idée nous a tou­jours trot­tée dans la tête. Il y avait tou­jours des excus­es pour ne pas se lancer dans cette aven­ture : tra­vail, mal­adie, famille, amis, bud­get… Pour un tel pro­jet, il est essen­tiel d’avoir un min­i­mum de pré­pa­ra­tion et encore plus lorsqu’un des voyageurs à une mal­adie telle la SEP. Nous avons aus­si un chien, et sommes pro­prié­taires de notre mai­son, il était impor­tant de s’organiser !

Nous avons bien pris 2 mois pour établir les con­tours du voy­age, l’itinéraire, les points d’arrêt, etc…Cela n’a pas été facile : un mil­li­er d’itinéraires, de pays et d’excursions les plus folles nous ont tra­ver­sés l’esprit comme la fameuse « Panaméri­caine », qui part du Cana­da et rejoint l’Argentine ou la « route de la soie ». Ces itinéraires mag­nifiques, présen­taient cepen­dant quelques incon­vénients et incom­pat­i­bil­ités avec ma mal­adie : mon traite­ment et le temps des­tiné à notre voy­age (ces itinéraires demandaient plus d’un an de voyage).

Mon neu­ro­logue m’a aus­si ramenée à la rai­son en me rap­pelant que tous les vac­cins vivants m’étaient impos­si­bles. En bref, dif­fi­cile pour moi de voy­ager dans tous les pays d’Amérique latine. Cela a été notre pre­mier renon­ce­ment. Nous avions ensuite envis­agé de par­tir de France pour rejoin­dre la Chine par la route. Mais là aus­si, d’autres com­pli­ca­tions se sont imposées : cer­tains pays auraient été dif­fi­ciles à tra­vers­er, surtout en seule­ment 11 mois et avec un chien.

Finale­ment, l’itinéraire le plus raisonnable et com­pat­i­ble avec ma mal­adie sem­blait être l’Europe et cer­tains pays frontal­iers. Ce périple, par la route, est tout aus­si exci­tant et riche d’innombrables pépites. Rester sur le même con­ti­nent per­met aus­si d’améliorer la logis­tique du voy­age, comme la prise en charge de mes traitements.

Où avez-vous trouvé les financements pour ce défi ?

E : Nous puisons dans nos économies, avons prévu de met­tre en loca­tion meublée notre bien, de ven­dre tout le sur­plus et de trou­ver des spon­sors divers. L’entreprise dans laque­lle tra­vaille mon con­joint était prête à nous aider. Compte tenu de l’actualité et de la crise san­i­taire que nous tra­ver­sons actuelle­ment, nous avons dû le reporter en août 2021.

Oop­er en pleine plan­i­fi­ca­tion du meilleur trajet.

Aviez-vous déjà fait un tel voyage avant l’annonce la SEP ?

E : On a tou­jours aimé voy­ager en cou­ple (Etats-Unis, Cuba, Grèce, Russie…), et de mon côté, j’ai tou­jours voy­agé depuis très jeune. Grâce à mes études, j’ai notam­ment été amenée à réalis­er des stages à l’international. Après mes études, je suis par­tie vivre en Angleterre 1 an.

Avez-vous des craintes avant ce défi ?

E : Ma véri­ta­ble crainte est de pren­dre goût à ma nou­velle vie : appren­dre à vivre ensem­ble dans un espace réduit, se con­tenter du min­i­mum et d’être heureux comme ça. Coté mal­adie, j’ai ma petite voix intérieure qui me con­firme que j’ai pris la bonne déci­sion, il y a un an, de tout pla­quer. Ma san­té n’ira que mieux pen­dant mon voy­age, comme à chaque fois. Je vais tou­jours mieux ailleurs, aus­si étrange que cela puisse paraître : j’oublie les soucis et je vis à fond l’instant présent.

Élodie à Cuba.

Avez-vous des conseils à donner aux personnes atteintes de SEP pour gérer cette période (pendant le confinement, après le déconfinement etc…) ?

E : Si je peux don­ner un con­seil aux Sépi­ens, c’est de vivre dans l’instant présent, prof­iter de chaque instant, d’accepter les élé­ments comme ils vien­nent en sachant se préserv­er et se repos­er si néces­saire. Pen­dant le con­fine­ment, c’est très per­son­nel, mais je me suis préservée de cette actu­al­ité anx­iogène com­mu­niquée chaque jour et ai pris du recul sur ce qui pou­vait être dit. J’ai très peu regardé les médias tra­di­tion­nels, voire plus du tout. J’ai essayé au début, mais cela m’engendrait angoiss­es et anx­iété, me provo­quant des symp­tômes. J’ai très vite coupé court, et me suis recen­trée sur ce que j’aimais faire : lire, pour­suiv­re mes actions de bénévolat à dis­tance, prof­iter du beau temps, suiv­re des for­ma­tions graphisme à dis­tance, finir le blog de notre voy­age, faire du sport, con­tin­uer de rêver et à avoir des ambi­tions pour le futur…

Pour l’après con­fine­ment, il est néces­saire de rester pru­dent, surtout si les per­son­nes atteintes de SEP sont sous immuno­sup­presseur (comme moi-même), cela nous rend plus vul­nérable à la covid. Il faut con­tin­uer à vivre en appli­quant les gestes bar­rières. De nom­breux Sépi­ens infir­miers ou occu­pant des postes néces­si­tant d’être sur le front pen­dant cette péri­ode ont affron­té la covid, ont con­tin­ué d’avancer et de sauver des vies. Je leur tire mon chapeau.

Comment vous êtes-vous occupé(e) pendant cette période ?

E : Bizarrement, et c’est vrai­ment très per­son­nel, j’ai appré­cié ces deux mois. J’ai pu pren­dre le temps de vivre. Je me con­sid­ère aus­si chanceuse : il y a 1 an, j’étais à l’hôpital tous les deux mois à cause de mes nou­velles poussées. Ce moment m’a per­mis de me recen­tr­er sur les choses impor­tantes comme la famille, les amis, pré­par­er de bons petits plats, et ter­min­er mon pro­jet per­son­nel que je m’étais fixé : en quit­tant mon tra­vail, je m’étais promis de me for­mer aux logi­ciels Adobe, de créer mon blog sur Word­Press, met­tre des mots sur ma maladie…et pren­dre du temps pour moi, lire, ou créer des dessins vectorisés.

J’ai vrai­ment une grande empathie pour toutes ces per­son­nes dont le diag­nos­tic est tombé récem­ment. Mais la SEP est aus­si une mal­adie très per­son­nelle et cha­cun la vit très dif­férem­ment. L’être humain est bien petit face à la maladie.

Retrou­vez Elodie et son com­pagnon Adrien :

Vous pou­vez égale­ment soutenir le pro­jet SEP & SMILE de col­lecte de fond pour la Ligue Française con­tre la SEP.

M‑FR-00000413–1.0 — Établi en juil­let 2020

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