
Bertrand, 43 ans
Âgé de 43 ans et divorcé, Bertrand Magniez est papa d’une fille de 17 ans polyhandicapée et d’un garçon de 14 ans. Cet ancien militaire, devenu agent France Télécom, dût à nouveau se reconvertir en 2014, suite au diagnostic d'une SEP récurrente-rémittente. Aujourd'hui, il exerce le métier de moniteur équestre pour tous depuis 2017. Il raconte son parcours pour se réorienter vers ce qui l'a toujours passionné : l'équitation.
Comment avez-vous géré l’annonce de la SEP ?
Bertrand : Je n’ai eu aucune réaction au diagnostic, il m’a fallu attendre novembre 2018 et une 5ème poussée (très grosse) pour prendre conscience que je n’étais plus dans la capacité physique de faire les mêmes choses qu’avant.
Pouvez-vous nous décrire votre projet ?
B : Suite à un accident de travail survenu en 2012, j’ai subi 3 interventions chirurgicales du poignet droit (entre 2012 et 2015) et 2 poussées en 2014. J’ai été déclaré inapte à exercer mon poste chez France Telecom.
Avec l’aide et le soutien d’Avie Cap Emploi, j’ai fait une formation d’octobre 2016 à septembre 2017. J’ai obtenu mon BPJEPS (Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport) activité équestre Mention tourisme équestre. Malgré une 3eme poussée pendant la formation (juin 2017), je n’ai rien lâché pour atteindre mon objectif.
En octobre 2017, diplôme en poche, je me suis installé comme moniteur équestre indépendant, ce qui me permettait de gérer mon emploi du temps. Puis j’ai complété ma formation sur mes jours de repos, en passant le BFEEH (Brevet Fédéral d’Encadrement Équi Handi). Je me suis formé à l’accompagnement des personnes touchées par un handicap moteur ou par un handicap mental. Je me suis également formé à l’attelage avec un cheval.
Aujourd’hui, je suis moniteur équestre pour tous et je donne des cours en priorité aux personnes en situation de handicap. Je propose des balades avec mon cheval attelé. J’ai fait modifié l’attelage afin de pouvoir accueillir un fauteuil roulant.


Qu’est-ce qui vous a donné envie de réaliser ce projet ? Dans quel but ?
B : Ne pouvant plus exercer mon métier au sein de France Telecom avec une impossibilité de reclassement, j’ai saisi ma chance pour réaliser mon rêve d’adolescent : travailler dans le monde des chevaux.
A vos yeux, le sport est-il important ou bénéfique pour surmonter la SEP ?
B : Oui, le sport est important à mes yeux, je faisais beaucoup de sport avant 2014. Je courrais notamment 1 à 3 fois par semaine, des distances allant de 6 à 18 km. Aujourd’hui, je continue à en faire mais avec des objectifs adaptés à ma nouvelle condition. C’est un défi de réussir un objectif, quand le médecin nous dit que cela sera plus difficile maintenant.
Après la deuxième poussée et avant le rendez-vous des 6 mois chez le neurologue, j’ai continué la course pour atteindre mon objectif : courir sur 15 km en 1 h 15 min, ce que j’ai réussi en 1 h 20 min. A ce jour je n’arrive plus à courir 5 m.
Où avez-vous trouver les financements pour ce projet ?
B : Avie Cap Emploi a payé la formation (7500€) et m’a versé des indemnités pendant cette période. Ils m’ont ensuite mis en contact avec l’AGEFIPH et j’ai obtenu une enveloppe de 5000€. Le Rotary Club International de La Garde (83) m’a également soutenu avec l’apport de 2500€. Le reste du financement fut personnel.

Faut-il une bonne préparation physique en amont ?
B : Non, il ne faut pas obligatoirement avoir une bonne condition physique. C’est surtout la détermination et une réelle envie qui m’ont permis d’atteindre mon objectif terminal.
Avez-vous eu des craintes avant ou pendant l’élaboration de ce projet ?
B : Non, je n’ai jamais eu de crainte avant ou pendant l’élaboration de mon projet, je n’avais pas conscience de l’impact de la SEP sur mon corps.
Avez-vous des douleurs particulières pendant la pratique de votre activité ?
B : Quand je suis avec ou sur mes chevaux, je suis sur un nuage. Je ne pense qu’au plaisir que je prends, ce n’est que quand je mets pied à terre que je sens les douleurs musculaires.

Quel a été le moment le plus beau ? Et quel a été le plus dur ?
B : Le moment le plus beau, c’est l’annonce de la validation de mon parcours d’orientation et de régularité à cheval (épreuve faite entre 2 prises de traitement). Je ne cache pas que c’était quand même de l’inconscience d’être allé à l’examen dans mon état.
Le moment le plus dur est intervenu en octobre 2018, à l’issue de la 4eme poussée. J’étais dans un état de fatigue important avec de grosses difficultés à me déplacer. Mon associé de l’époque ne voulait pas comprendre ma situation : « Tu as des soucis de santé, c’est ton problème pas le mien, tu as un contrat à respecter » a‑t-il dit.
Dans les 5 jours qui ont suivi ces paroles, j’ai récupéré mes 5 chevaux et mes affaires et j’ai tout quitté. Je n’ai pas voulu m’arrêter de travailler et attendre, mais j’ai tellement forcé que j’ai fait une autre poussée, la cinquième en 5 ans. J’espère ne plus en faire pendant un long moment.
Si vous n’aviez pas eu la SEP, auriez-vous réalisé ce projet ?
B : Je pense que j’aurais réalisé mon projet mais pas avec la même détermination, et que je n’aurais pas eu la même spécialisation finale.
Qu’est-ce que vous retenez de cette expérience ?
B : Travailler avec les chevaux aujourd’hui était un rêve d’enfant. Je regrette de ne pas avoir choisi cette voie professionnelle plus tôt dans ce milieu avec ou sans SEP.
Si vous deviez donner un conseil à ceux qui n’osent pas se lancer, quel serait-il ?
B : Foncez et vivez vos rêves et vos envies pour ne rien regretter avant qu’il ne soit trop tard.
Si l’équitation adaptée au handicap vous intéresse, vous trouverez plus d’informations sur les activités de Bertrand (à proximité de Toulon) sur sa Page Facebook BM Equitation

M‑FR-00010244–1.0 — Établi en février 2024
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