Le défi de Véronique

Interview

Véronique, 57 ans

Kinésithérapeute et ostéopathe de métier, Véronique Déclas est aussi et surtout une grande sportive ! A 57 ans, elle se lance un défi : effectuer les 6 marathons MAJORS, Berlin, New-York, Tokyo, Boston, Chicago et Londres. Diagnostiquée SEP à l’âge de 19 ans, Véronique n’a qu’un seul mot d’ordre : "Il faut foncer. Tout est possible avec une SEP. Les défis sont du bonheur".

Comment avez-vous géré l’annonce du diagnostic de votre sclérose en plaques ?

Véronique : Ce fut un choc. Le médecin m’a annon­cé : “C’est cer­taine­ment une sclérose en plaques. Vous n’aurez pas d’enfants, vous risquez de finir sur une chaise roulante.”

Le sport a tou­jours été ma rai­son de vivre. Mon seul objec­tif était d’être pro­fesseur de sport (EPS). Après l’annonce de la SEP, je n’ai pas accep­té la mal­adie et tous les jours j’étais sur le tata­mi. J’ai obtenu plusieurs titres : cham­pi­onne de Loire, Ligue, Inter régions et France. J’ai d’abord obtenu un bac­calau­réat D (l’équivalent d’un bac Sci­en­tifique aujourd’hui) et par la suite j’ai passé de nou­veau un bac C en allant unique­ment aux cours de math, physique et anglais ce qui me per­me­t­tait de faire 5 sports dif­férents en vue de pré­par­er l’entrée à l’UREPS.

Au mois de mai, une amie m’a par­lé du con­cours d’entrée à l’école de kinésithérapie et ergothérapie. Je suis allée à ce con­cours, mais je pen­sais tou­jours au con­cours d’entrée en gym. Début Juin, prise d’une angine puis d’une crise de rhu­ma­tisme artic­u­laire : impos­si­ble de pass­er les épreuves sportives. Je me suis donc dirigée vers l’école de kiné.

Véronique Déclas et Frédéric Ruber­ti au Marathon de Boston en avril 2019.

Pouvez-vous nous décrire votre défi sportif ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de le réaliser ?

V : Mon défi est d’être la pre­mière per­son­ne atteinte de SEP à effectuer les 6 marathons MAJORS : Berlin, New-York, Tokyo, Boston, Chica­go et Londres.

Avant la sclérose en plaques, je courais tous les 2 jours 10 km avant de tra­vailler. Je fai­sais aus­si  du judo tous les jours, de l’escrime et aus­si de la nata­tion 2 fois par semaine.

Pen­dant 21 ans, j’ai fait par­tie du ser­vice médi­cal du Tour de France en tant qu’ostéopathe. Puis, j’ai appris que c’était fini pour moi. Je ne mar­chais sans doute plus assez vite à cause de ma sclérose en plaques. J’avais donc envie de pren­dre ma revanche.

Mon ami Frédéric Ruber­ti, un marathonien, m’a par­lé de cette pos­si­bil­ité de con­naître son milieu. Nous effec­tuons depuis des marathons où je suis dans un fau­teuil spé­cial marathon qu’il pousse.  C’est une activ­ité com­plète­ment nou­velle pour moi.

Combien de temps faut-il pour préparer un tel défi ?  Où avez-vous trouvé les financements ?

V : La pré­pa­ra­tion se fait pra­tique­ment 10 mois avant le jour J en ce qui con­cerne la par­tie logis­tique : réser­va­tion des vols, héberge­ment… J’ai créé une asso­ci­a­tion qui s’appelle “Sclérose Pour­su­is Tes Rêves”, en espérant trou­ver des spon­sors. Pour l’instant, je four­nis en grande par­tie le finance­ment et c’est donc très difficile.

Faut-il une bonne préparation physique en amont ?

V : La pré­pa­ra­tion physique est en grande par­tie effec­tuée par Frédéric. Pour ma part, je fais tous les jours des étire­ments, du vélo d’appartement, du step…

Avez-vous eu des douleurs particulières pendant ou après ce défi sportif ?

V : Oui, les douleurs sont dues à la posi­tion main­tenue en triple flex­ion des mem­bres inférieurs dans le fau­teuil, pen­dant plusieurs heures, mais tout dépend aus­si des con­di­tions météorologique.

Quel a été le moment le plus marquant ?

V : Chaque marathon m’a lais­sé un sou­venir par­ti­c­uli­er. Lors de mon pre­mier marathon à Berlin, j’ai décou­vert l’ambiance de ce sport, nou­veau pour moi à l’époque. Aux cham­pi­onnats du monde de fau­teuils trac­tés, j’ai eu une petite larme à l’œil au moment de la Mar­seil­laise, car nous avions gag­nés. Le marathon de Rio de Janeiro se déroulait sur un site exceptionnel !

Enfin, avec le marathon de Boston, j’ai retrou­vé l’ambiance du Tour de France avec des spec­ta­teurs sans inter­rup­tion sur tout le parcours !

Avez-vous eu des craintes avant ou pendant ce défi sportif ?

V : Ma grande crainte est de ne pas retrou­ver mon fau­teuil à l’aéroport en débar­quant du vol sur le lieu du marathon ! C’est pour cette rai­son que nous par­tons une semaine avant le marathon. Si notre fau­teuil est per­du pen­dant les escales, nous avons une semaine devant nous pour le retrou­ver. Sinon,  le marathon est ter­miné pour nous avant même le départ.

Si vous n’aviez pas eu la SEP, auriez-vous réalisé ce défi sportif ?

V : Non, je ne crois pas que j’aurais eu l’idée de par­tir dans les marathons. Je serai restée dans le milieu du judo et de la course à pied en 10 ou 20 km.

Pensez-vous réaliser à nouveau un tel défi sportif ?

V : Déjà, il faut finir encore 4 marathons. Nous allons pour le prochain à New York, le 3 Novem­bre 2019, si nous trou­vons les finances.

Vous pou­vez con­tac­ter l’association Sclérose Pour­su­is Tes Rêves à l’adresse: [email protected] si vous souhaitez soutenir et aider Véronique et Frédéric à réalis­er leurs prochains exploits !

Décou­vrez une vidéo de Véronique et Frédéric au Marathon de Boston en avril 2019 :




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