Pour Audrey, jeune maman d’un petit Gabriel depuis cet hiver, la SEP n’a jamais constitué un obstacle pour se lancer dans son projet bébé. Pour autant, les belles histoires manquent sur la toile pour réaliser à quel point il est possible de se lancer dans l’aventure, accompagnée par les médecins. Témoignage !
« Je trouve ça très important aujourd’hui de raconter à quel point ma grossesse s’est bien déroulée, au-delà de ma sclérose en plaques ! », décrit Audrey, jeune maman âgée de 28 ans. Lorsque son diagnostic a été posé en mars 2021, Audrey n’a pas mis sur pause son projet de grossesse. « Mais j’avais quelques questions sur le sujet, ça m’aurait beaucoup aidé de lire des témoignages positifs sur internet. On trouve beaucoup d’informations qui peuvent être stressantes alors que les médecins m’ont très vite rassurés sur le fait que grossesse et SEP étaient compatibles. »
Et c’est un fait : malgré tout le chamboulement que peut constituer ces 9 mois, il n’existe aucune contre-indication à tomber enceinte chez les patientes. Seul impératif : mettre en place un protocole adapté avec le neurologue1. « Quand je suis tombée enceinte, fin mai 2021, les médecins ont renforcé mon suivi. Pour la bonne cause, le projet est devenu celui de notre couple et du neurologue ! », sourit Audrey. « J’ai eu des prises de sang et des échographies de contrôle très régulières, deux gynécologues référents au lieu d’un. Mon traitement a été adapté* et mis sur pause à partir de la 32ème semaine d’aménorrhée, pour éviter que le système immunitaire du bébé ne s’affaiblisse » pendant les dernières semaines de développement in utero.
Et après l’accouchement ?
« Après la naissance de Gabriel, j’avais un objectif : reprendre le traitement le plus rapidement possible pour éviter un risque de poussées** en post-partum2-3-4 », raconte Audrey. Chose dite chose faite : « le lendemain de mon accouchement, la neurologue du service a débarqué dans ma chambre pour établir de nouvelles prescriptions et la sage-femme m’a fait l’injection le lendemain. »
Côté rythme, Audrey a bénéficié d’un mois de congé maternité supplémentaire***, « le nouveau congé paternité de 28 jours a été précieux » dans les premiers pas de jeunes parents. Et au quotidien, Audrey s’organise pour que la charge mentale soit la plus légère possible. « Je dors dès que le petit fait la sieste, je n’hésite pas à me faire aider par mes proches pour la logistique. » Un point important quand « je sens que ma mémoire et mes capacités de concentration me font défaut ».
La SEP, un moteur
« Dès le départ je me suis dit que la grossesse et l’arrivée de mon enfant était un miracle qui allait m’aider à surmonter la maladie », raconte Audrey. « Et en effet ça a été la plus belle expérience de ma vie. J’ai eu une grossesse de rêve : une prise de poids normal, une fatigue tout à fait gérable, j’ai pu travailler jusqu’au bout ! » La SEP ne s’est donc pas du tout exprimée ? « Non elle est restée totalement silencieuse (pendant le troisième trimestre de grossesse, le risque de poussées peut être diminué de près de 70%4). Je pense que la maladie est motrice pour se lancer sans tarder dans les projets qui tiennent à cœur ! ».
A noter : ce témoignage est celui d’Audrey. Mais chaque grossesse reste singulière, en fonction de l’évolution de votre SEP, de votre traitement mais aussi de la réaction propre à chacune face à ce chamboulement hormonal et corporel ! Si vous avez un projet de parentalité, n’hésitez pas à en parler et à poser toutes vos questions à votre neurologue, à votre sage-femme, à votre gynécologue ou encore à votre médecin traitant.
*Certains traitements peuvent être contre-indiqués pendant la grossesse : demandez conseil à votre neurologue qui adaptera votre protocole si besoin.
**Après l’accouchement, le risque de poussées augmente de 70% chez les jeunes mamans atteintes d’une sclérose en plaques, avec un retour à la normale dans les 3 mois suivant l’accouchement.
***Pour l’arrivée d’un seul enfant, le congé maternité est de 16 semaines réparties comme suit : 6 semaines avant l’accouchement et 10 semaines après — Le congé pathologique prénatal dans le cadre de la grossesse s’étend sur une durée maximale de 14 jours, consécutifs ou non.
Sources :
- Interview d’Audrey, patiente atteinte d’une sclérose en plaques, le 10 mai 2022
[1] Ministère des Solidarités et de la Santé. La sclérose en plaques. Consulté en juin 2022. Disponible : https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-neurodegeneratives/article/la-sclerose-en-plaques
[2] Abramsky O et al. Pregnancy and multiple sclerosis. Ann Neurol 1994;(Suppl.36):S38-41. doi: 10.1001/archneur.1986.00520070075022
[3] Revue Médicale Suisse. Sclérose en plaques et grossesse — Michel Chofflon Patrice H. Lalive — Consulté en juin 2022. Disponible : https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2009/revue-medicale-suisse-201/sclerose-en-plaques-et-grossesse#tab=tab-references
[4] Arsep.org. Grossesse et sclérose en plaques. Pr Thibault Moreau, vice-président du Comité-Médico-Scientifique de la Fondation ARSEP Chef de service de Neurologie – CHU de Dijon. Consulté en juin 2022. Disponible : https://www.arsep.org/library/media/other/docs_patients/grossesse_et_sep_nov2010.pdf
M‑FR-00007008–2.0 — Établi en septembre 2024
qu'en pensez vous ?
Elo
29/08/2023Bonjour,
Oui bien sûr que c'est possible de donner la vie avec la SEP mais cela n'est pas sans risque et il faut en être consciente. J'ai eu 3 grossesses avec la sep. Il était hors de question que la maladie m'empêche de vivre cette magnifique aventure qu'est la maternité. Cependant, soyons clair, la SEP a tout compliqué et mon corps en a subit les conséquences... Mais ça en valait la peine!